Petit étonnement #4 La Ferme

Les petits étonnements

#4 La Ferme

 

Après avoir sillonné les campagnes françaises et traversé les Pyrénées, nous retrouvions nos petits chemins loin des grosses routes trop fréquentées par les bruyantes voitures.

Au détour d’un petit village, nous traversons les champs de céréales exploités en monoculture sur des centaines d’hectares et nous nous approchons d’une ferme. L’odeur alentour laisse présager une réalité bien sordide, crue et profondément écœurante.

L’odeur de la mort, alors que le bétail sur ses quatre pattes est pourtant nombreux.

Aucun bruit, juste l’odeur nauséabonde.

Pourtant, on la connait l’odeur de la ferme, de ses vaches et de leurs bouses, et on l’aime bien même, cette odeur.

Mais là, on avance dans ce silence glacial et on découvre des vaches, maigres, crades, qui gogent dans leur merde et qui ont le regard vide, sans vie. On continue de pédaler jusqu’à voir une vache morte, en décomposition, en train de se faire bouffer par les corbeaux, au beau milieu de ses congénères qui se sont un peu éloignées, mais pas autant qu’elles auraient pu, car l’enclos n’est pas grand.

Aucun homme dans le coin, personne.  Nous les retrouverons à quelques centaines de mètres, occupés à couper la deuxième repousse de blé avec leurs grosses moissonneuses pour nourrir les mêmes bêtes qui meurent dans leur merde. Pauvres vaches, pauvres paysans qui ont l’air d’avoir perdu aussi vie, foi en la nature, pauvres nous qui sommes les consommateurs de cette bidoche. Triste monde.

Ce spectacle nous travaillera durant plusieurs jours, avec comme arrière-gout, la misère humaine, la perte de sens, la colère et l’incompréhension.

Depuis on ne mange plus de viande.

Nous avons aussi rencontré des paysans qui font un travail admirable avec beaucoup de respect et d’amour pour la nature et l’animal.

Plus on avance, plus on voit que les sols sont appauvris, qu’ils sont vidés, épuisés, aucune vie ne les occupe, pas de bestioles, d’araignées, de vers de terres, rien. Juste une terre qui s’effrite, s’envole et dessous, sous quelques centimètres à peine, la terre est dure comme de la pierre. Elle n’a pas la place de respirer et de laisser la vie pénétrer. Plate, sur des milliers de kilomètres, tondue, blessée, rabotée par ces machines qui les tassent et qui leur balancent des produits chimiques. Plus d’arbres, pas de fleurs, comme c’est triste. L’agriculture intensive est tragique. 

Alors c’est triste tout ça, mais c’est aussi source d’inspiration pour nous deux. Des idées naissent, des projets aussi, pour aider à respecter cette terre, lui redonner vie et en prendre soin.

 

 

 

tchobonne Written by:

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