Première nuit

Ça monte encore un peu avant d’arriver dans ce petit village qui surplombe le Rhône. Il est beau ce Rhône, il devient notre compagnon dans cette première étape. On le suit de près.

Il fait encore doux, la lumière du jour commence à diminuer un peu. On sort de la route principale, car il est bientôt 18h et avec Thomas on s’est dit que 18h00 c’est bien pour planter la tente, installer le réchaud, couper les 3 légumes pour cuisiner avant le coucher du soleil, parce que la nuit tout est plus compliqué dans cette aventure.

Il est 18h, on sort de la route principale et on observe les champs, les maisons et leurs jardins qui nous inspirent, car ce soir on inaugure la tente et tout le merdier. Le temps est idéal et demain il ne pleut pas, on pourra replier tout ça au sec. C’est peut-être un de mes moments préférés, lorsque tu cherches un petit coin de paradis pour y passer la soirée et la nuit. Au loin on repère une maison entourée de vigne, au milieu de la nature. On s’approche…. personne! On s’approche encore et il y a une voiture et des panneaux un peu partout qui disent: Attention danger!

Bon, de deux choses l’une : soit il y a un danger, mais quel serait-il? Un gros chien? Un paysan avec son fusil chargé??, soit le paysan en question a lui-même peur d’un quelconque danger et s’en protégerait grâce aux panneaux?

Bon, on continue et on distingue un petit cabanon en contre bas de la maison, avec un bruit d’outil.

On s’arrête, je pose le vélo sur sa béquille, et je me lance. Oui parce que c’est à moi que revient cette partie du travail dans le voyage, aborder les gens pour leur poser des questions. C’est un travail d’équipe et chacun ces compétences.

Bonjour????

Il est occupé et ne m’entends pas.

BONJOUR????

Il m’a entendu et se retourne d’un demi-tour en sursautant. Mais bonjour???

Je lui explique que je voyage à vélo avec mon mari, qu’on est à la recherche d’un petit coin pour planter la tente pour la nuit et qu’on repart le lendemain.

OK! Il nous propose de nous mettre sous le noyer en face du Rhône qui est en contrebas. Le spot est magnifique. Il nous dit que si on veut il a un clic-clac dans sa cave, là où avant il avait une petite boîte de nuit! On le remercie, mais on tient à dormir sous notre tente.

Il nous fera visiter sa cave plus tard, avec boule à facette, peluches, bouteilles poussiéreuses, guirlandes et menottes….

Il est drôle ce m’sieur! Il est seul ici et il bosse tout le temps dans son jardin, comme durant toute sa vie. Il a 73 ans.

On monte la tente, gonfle les matelas, allume le réchaud, coupe le saucisson et il vient vers nous avec son petit panier son rosé en cubi accompagné de crème de cassis pour adoucir le breuvage. Il s’installe et nous verse généreusement l’apéro.

On papote, il nous raconte sa vie de chauffeur routier, son autre boulot à l’usine, son ex-femme, ses enfants, ses conquêtes, ses chats…

Il est attachant….

On passe la première nuit sous la tente, on y est bien….et au petit matin, une musique vient nous réveiller. On ouvre un œil, puis l’autre, on se regarde étonnés. Une fanfare???

La musique est de plus en plus forte.

Qu’est-ce qu’il se passe? On est où???

Et là, l’ami paysan gueule à travers ses fenêtres:

Allez venez boire le café!!!!!!!

Il avait sorti ces enceintes, les a poussées à bloc et a ouvert les fenêtres pour nous réveiller en musique.

Quel réveil fracassant, touchant, hilarant!

On a pris le café avec Pif, qu’il s’appelle, et on a partagé un de ces moments qui sont uniques et qui nous fera sourire encore bien des moments.

On est repartis les affaires empaquetées sur les vélos, le cœur déjà tout chaud de ces belles rencontres.

Dernière visite dans la cave/boîte de nuit avant le départ. Et impossible de partir sans une peluche. Alors on fouille et on tombe sur Kiki le canard qui nous suivra sur cette aventure. Le minimalisme ce n’est pas encore pour tout de suite …