Ceux qui restent
La medina est vide. Vide ?
Vide de touristes, vide de sollicitation, de groupes déambulant au rythme du marchandage. Mais pas vide de ses habitantes et de ses habitants.
Alors qui sont-ils ? Et surtout qu’est-ce qu’il advient de ce centre touristique une fois que ceux-ci sont partis ?
Et bien comme la marée se retirant et laissant, échoué sur la plage, ce qui était caché alors que l’eau était montée, les rues se remplissent des invisibles. Les personnes âgées vendant les cigarettes à l’unité, les jeunes arborant fièrement des maillots de football d’équipe étrangères, les vendeurs irréductibles ouvrant leur magasin malgré tout, Mohammed le tourneur sur bois et ses deux chiens, et les petits épiciers retranchés derrières des murs de papiers hygiéniques.
Mais une autre population existe encore, celle qui reste derrière les portes fermées, se protégeant du virus et du regard des autres. Celle qui était déjà invisible avant, faisant la vaisselle au fond de votre restaurant préféré ou le ménage avant votre emménagement dans cet Air BNB avec vue sur la mer. Celle qui avait de la peine à finir le mois et qui maintenant ne sait pas comment commencer sa semaine.
Le virus ne fait pas de différence. Il attaque quel que soit le nombre de diplômes posés au mur, la taille de l’emprunt ou la marque des chaussures. Mais cette apparente égalité ne doit pas nous faire oublier la réalité des disparités. Ceux qui le pouvaient sont rentrés chez eux, profite de leur jardin ou apprennent de nouveaux enchainements de yoga. Mais pour d’autres c’est la précarité de la situation qui les frappent de plein fouet. Et tout cela dans une zone grise, sans contrat préalables, sans assurance et sans économie.
C’est alors également l’occasion de rencontrer des personnes qui ne se précipitent pas dans les magasins pour faire une réserve de papier toilette mais pour acheter des vivres en gros et les répartir dans les familles les plus précaires. Dans un couloir d’appartement l’épicier du quartier à amener les pâtes, le lait, les lentilles et le reste. Tout est ensuite répartis dans des sacs. Une autre personne vient alors les chercher, et les apporte, au pas de course, à travers les sombres ruelles de la Médina. Trois coups frappés à la porte, le sac est posé devant, juste le temps d’échanger un sourire et un merci.
Alors merci. Merci de permettre d’alléger cette situation pour celles et ceux qui en ont besoin. Et merci de nous redonner foi dans l’humanité dans ces temps de peur qui amènent si souvent au repli.
Et pour celles et ceux qui aimeraient contribuer à cette action, vous pouvez verser un peu de sous sur le compte paypal mouhcinecamel@gmail.com. C’est une personne de confiance qui oeuvre depuis longtemps sur de beaux projets sociaux à Essaouira (et qui fait un tajine de poisson à damner un végétarien).
Very nice, compassionate article, Thomas and Lea. Thank you for sharing your perspective on our beautiful little town of Essaouira. And thank you for lending a hand yesterday! Our community food distribution is truly a collective effort by all those who hold Essaouira dear to their hearts.
Very good